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Witold Gombrowicz
Dans les premiers trois chapitres de Ferdydurke un adulte se réveille comme chaque jour le matin. Un personnage inconnu, le professeur Pimko, entre dans sa chambre et réclame : « Allons Jojo, viens, nous allons à l’école ». Pendant cette journée, l’adulte se transforme en adolescent car tout le monde le traite ainsi.
Le quatrième chapitre est une sorte d’ introduction d’une toute autre histoire. Dans cette introduction Gombrowicz prends position pourquoi il place une autre histoire dans l’histoire:
« Avant de continuer ces mémoires véridiques, je souhaite, en guise de digression, mettre dans le chapitre suivant un récit intitulé « Philidor doublé d’enfant ». Vous avez vu comment Pimko, avec son didactisme agressif, m’avait cuculisé ; vous avez vu les recoins idéalistes de notre jeunesse intellectuelle, (…)Dans un moment vous découvrirez une autre réalité, un autre duel : le combat mortel des professeurs G.L . Philidor, et Momsen. (…)il ne faut pas chercher de rapport étroit entre ces deux éléments du présent ouvrage ; et si quelqu’un s’imaginait que, en incorporant à mon œuvre « Philidor doublé d’enfant » , je n’avais pas pour seul but de noircir un peu de papier, de diminuer un peu la masse de ces feuilles blanches devant moi, il serrait dans l’erreur.
Mais les connaisseurs et les analystes, tous les Pimko spécialisés dans l’art de vous culculiser en dénonçant les fautes de construction, pourraient me faire ce reproche que le désir de remplir des pages est un motif personnel insuffisant et qu’il ne convient pas de fourrer dans une œuvre tout ce qu’on a pu écrire auparavant. (…) Dites-moi votre avis : ne pensez-vous pas que le lecteur n’assimile que des parties et de manière partielle ? Il lit une petite partie, un morceau, puis il s’arréte avant d’aborder le suivant, parfois meme il commence par le milieu ou par la fin et va à reculons vers le début. Plus d’une fois il parcourra quelques morceaux et abandonnera, non pas que cela ne l’intéresse pas, mais tout simplement une autre chose lui est venue à l’esprit . Et meme s’il lisait le tout, pensez-vous qu’il en concevra une vision globale et qu’il comprendra les relations harmonieuses des différentes parties s’il n’en est pas instruit par un spécialiste ?Ainsi un auteur doit peiner pendant des années, il coupe, il arrange, il enlève, il recolle, soufflant et suant, pour qu’un spécialiste dise au lecteur que la construction est bonne ?… »